- moraliste
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• 1690; de morale1 ♦ Rare Auteur qui écrit, qui traite de la morale. Les grands moralistes grecs.2 ♦ (répandu XIXe) Auteur de réflexions sur les mœurs, sur la nature et la condition humaines. Montaigne, Pascal, La Rochefoucauld, La Bruyère, Vauvenargues, célèbres moralistes français.3 ♦ Personne qui, par ses œuvres, son exemple, donne des leçons, des préceptes de morale. ⇒ moralisateur. Un moraliste austère. — Adj. Elle a toujours été moraliste.♢ Empreint de moralisme. Attitude moraliste.⊗ CONTR. Immoraliste.Synonymes :- prêcheur (familier)- sermonneur (familier)● moraliste adjectif Relatif au moralisme.moralisten. (et adj.)d1./d Philosophe qui traite de la morale.d2./d Auteur d'observations critiques sur les moeurs, la nature humaine.d3./d Personne qui aime à faire la morale.|| adj. Il est un peu trop moraliste.⇒MORALISTE, subst. et adj.I. — SubstantifA. — 1. Philosophe, théologien qui traite de la science morale. Je vous parle comme un moraliste stoïcien de la possession de soi-même, du dédain du dehors, de la vie sévère et contenue en soi (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1835, p.213). Bacon n'est pas du tout un métaphysicien; il est beaucoup plus un moraliste, mais sans avoir pourtant ce qu'on appelle une doctrine (COUSIN, Hist. gén. philos., 1861, p.331).— Emploi adj. Le scrupule a des frontières historiques. Il était inconnu de l'église d'Orient. Même dans l'Occident latin, on ne le trouve pas mentionné avant les théologiens moralistes de la seconde moitié du moyen âge (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.694).2. Écrivain qui observe, décrit et analyse les moeurs, les passions d'une époque. Les moralistes auteurs de ma.imes ont des vérités par trop naïves et qui n'avaient pas plus besoin d'être écrites que celle de M. de La Palisse. Témoin celle de Vauvenargues: «Quand on aime la vie, on craint la mort» (VIGNY, Journ. poète, 1850, p.1276). V. convalescent ex. 5:• 1. Considérons-les [les bons sentiments] avec la méfiance qui s'impose à nous, surtout, héritiers des grands moralistes français: de Montaigne à Pascal, à La Rochefoucauld, à La Bruyère et à Chamfort, pas un seul de nos maîtres qui n'ait décelé, dans nos actions les plus nobles, une racine d'intérêt, de vanité, une recherche de plaisir.MAURIAC, Journal 1, 1934, p.35.— Emploi adj. Vous êtes moraliste [La Bruyère], et vous observez le monde; vous n'avez qu'un soin, voir ce qui est et le bien dire, le bien atteindre d'un mot droit frappé (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p.416).B. — 1. Personne qui, sans être écrivain, observe la nature humaine, les moeurs, réfléchit sur elles, et en tire une morale. Jean-Baptiste Greuze (1724-1805) est un moraliste autant qu'un peintre, et c'est là ce qui lui donne une place spéciale dans l'art du XVIIIe siècle (MÉNARD, Hist. Beaux-Arts, 1882, p.366). Il penche la tête sur l'épaule, il a le sourire voilé des moralistes qui en savent long sur la vie (AYMÉ, Vaurien, 1931, p.151).2. Personne qui se place à un point de vue moral, qui se réfère à un bien idéal:• 2. Jamais il n'avait eu l'idée sotte de travailler à la rédemption d'une pécheresse. En épousant Madeleine, il ne rêvait nullement de la réhabiliter, de lui refaire, comme on dit, une virginité à l'aide de son estime et de son amour. Il l'épousait parce qu'il l'aimait, simplement. Il était d'une nature trop nerveuse, obéissait à ses affections avec trop de jouissance exquise, pour s'égarer dans des considérations ridicules de moraliste.ZOLA, M. Férat, 1868, p.182.3. Souvent péj.a) Personne qui se plaît ou se complaît à moraliser. Il flotte autour d'elle le louche parfum qu'on respire dans certaines maisons. Je ne veux pas faire le moraliste. De ma part, ce serait ridicule. Mais vraiment, elle est plutôt... répugnante. Et qui sait? dangereuse (GREEN, Moïra, 1950, p.176).— Emploi adj. Il n'y a rien de plus inutile que ces amitiés héroïques qui demandent des circonstances pour se prouver. Le difficile, c'est de trouver quelqu'un qui ne vous agace pas les nerfs dans toutes les occurrences de la vie. Ne trouves-tu pas, chère vieille, que je deviens diablement moraliste en voyage? J'ai beaucoup pratiqué l'humanité depuis dix-huit mois. Voyager développe le mépris qu'on a pour elle (FLAUB., Corresp., 1851, p.290).b) Celui (celle) qui est attaché(e) au formalisme de la morale ou qui se veut le défenseur de la morale. Pas un mot, je t'ai dit ou je te fais coffrer. Alors, comme ça tu t'amènerais ici en moraliste et en justicier (AYMÉ, Uranus, 1948, p.271). Il conservera (...) la marque et la saveur de votre génie, fût-ce au prix de quelques-unes de ces verdeurs naturelles qui choquent les moralistes engoncés (ARNOUX, Roi, 1956, p.235).II. — Adj. Qui est empreint de formalisme moral, qui développe des considérations morales ou qui vise à donner des leçons morales. Tu sais l'histoire: un nietzschéen, qui entreprend de transformer une famille à préjugés moralistes, et qui y parvient presque (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p.192). Il remplissait notre silence d'un verbiage moraliste et sentimental (BERNANOS, Enfants humil., 1948, p.28):• 3. Mme de Staël, remarquant que les fables et les drames des anciens étaient rarement dirigés dans le sens de l'exhortation morale ou des exemples édifiants, notait que les modernes tiennent ce souci moraliste, si peu semblable au souci spirituel, de l'habitude que donnent les affaires de toujours tendre vers un but déterminé.MOUNIER, Traité caract., 1946, p.712.REM. Moralistement, adv., hapax. À la manière d'un moraliste (v. supra I B). [Mme de Créqui] lisait moralistement (c'est son mot), en raisonnant et en extrayant de tout une moralité applicable (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 12, 1856, p.450).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. 1690 «auteur qui écrit et traite de la Morale» (FUR.); 2. 1701 «dans les Flandres, janséniste» (ibid.); 3. 1762 «personne qui fait des réflexions morales sans être écrivain» (DIDEROT, Neveu de Rameau, p.94 cité par L. UNDHAGEN, p.145). B. Adj. 1. 1758 passions discoureuses et moralistes (ID., Œuvres esthétiques, p.194, ibid., p.148); 2. 1800 écrivains moralistes (Mme DE STAËL, De la littérature, I, p.176, ibid.). Dér. de morale; suff. -iste. Fréq. abs. littér.:730. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 986, b) 674; XXe s.: a) 876, b) 1374. Bbg. MACK. t. 1 1939, p.163, 280, 283, 287. — UNDHAGEN (L.). Morale et les autres lexèmes formés sur le rad. moral-. Lund, 1975, pp.55-56, 140-147.
moraliste [mɔʀalist] n. et adj.ÉTYM. 1690; de morale.❖1 Didact., vx. Auteur qui écrit, qui traite de la morale (Furetière, 1690). || Les grands moralistes grecs. — Spécialt. Les jansénistes (cf. Trévoux).1 J'étudiai nos mœurs dans les Romans; nos opinions dans les philosophes; je cherchai même dans les Moralistes les plus sévères ce qu'ils exigeaient de nous (…)Laclos, les Liaisons dangereuses, LXXXI.2 Les moralistes ne sont que des fabricants de belles phrases, tous incapables d'inventer aucun antidote aux désordres sociaux.Charles Fourier, la Fausse Industrie morcelée, p. 598.3 (Une) légèreté digne d'un moraliste qui veut disserter d'une chose tout autre que la morale.Baudelaire, Curiosités esthétiques, XIII.2 (1690; répandu au XIXe). Écrivain qui observe et peint les mœurs, auteur de réflexions sur les mœurs de l'homme et, en général, sur la nature et la condition humaine (→ Approfondir, cit. 11; évoluer, cit. 4; humeur, cit. 6; idée, cit. 61; incident, cit. 2). || Montaigne, Pascal, La Rochefoucauld, La Bruyère sont les principaux moralistes français (Académie).4 Leur « morale » (des fables) est pleine de saveur, sinon toujours de moralité, car il importe de rappeler qu'un moraliste n'est pas quelqu'un qui fait de la morale, mais quelqu'un qui discute les conditions de la conduite.André Siegfried, La Fontaine…, p. 15.5 Le mot moraliste signifiait jadis : observateur et peintre des mœurs. Il a, sans perdre un tel sens, pris petit à petit celui de moralisateur. La littérature française, littérature de moralistes, serait-elle une littérature de moralisateurs ?G. Duhamel, Défense des lettres, IV, V.3 (XIXe, Balzac). Cour. Personne qui, par ses œuvres, son exemple, donne des leçons, des préceptes de morale (→ Évangélique, cit.). ⇒ Moralisateur. || Être esclave (cit. 8) des moralistes. || Moraliste étroit, pointilleux.6 L'auteur de la Comédie humaine, non seulement n'est pas immoral, mais c'est même un moraliste austère.Th. Gautier, Portaits contemporains, « Balzac ».♦ Péj. Personne qui aime à moraliser. ⇒ Moralisateur. || Cet hypocrite fait le moraliste. || Un ennuyeux moraliste. — Adj. || Un bourgeois moraliste (→ Falloir, cit. 34). || Elle a toujours été moraliste (→ Immoralité, cit. 2).4 Adj. (1800, Mme de Staël, écrivain moraliste). Empreint de moralisme. || Attitude moraliste. || Le gouvernant (cit. 12) moderne est tenu d'être moraliste.❖CONTR. et COMP. Immoraliste.
Encyclopédie Universelle. 2012.